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Comme à leur habitude, les membre du Munstrum Théatre regorgent (débordent) de trouvailles visuelles, masques, lumières, matières, paillettes et latex ne cessant de se relayer dans un carnaval plastique.

Le foisonnement effréné d’images, la multiplicité de personnages, costumes, décors racontent ici une fable dystopique sur le pouvoirs, ses effets et ses abus. Dans cette société où les animaux sont rois et les robots au rebus, émerge la figure singulière de Zypher, employé kafkaïsé d’une bureaucratie infernale, porteur ignoré d’une idée révolutionnaire, et enfin maïeuticien de son propre double, ennemi, fantasme, ou les trois à la fois.

Sans ruptures de rythme, la pièce accumule des tableaux qu’on a même plus le temps de contempler, essoufflant son spectateur en même temps que la force et la beauté de ses images. Même l’énergie nerveuse des comédiens frôle l’hystérie. On aurait préféré s’engloutir dans les stases optiques dont le Munstrum a le secret – la scène initiale, suprême moment de malaise dans les toilettes de l’entreprise ; un ballet en apesanteur et paillettes, sublime. On n’aurait aucun problème à ce que la dimension plastique soit le vrai, seul et unique sujet du Munstrum, car ils excellent en la matière. Au lieu de ça, la mise mise en scène semble n’avoir eu comme mot d’ordre qu’agglutiner des images autour d’un fil conducteur narratif fragile.

Si on définit le baroque comme l’art d’accumuler, de juxtaposer des formes conflictuelles, alors Zephyr Z. est baroque et même jubilatoirement baroque. Hirsute, décousu, trop long, ce dernier né du Munstrum déçoit par son péché de goinfrerie. On a l’espoir déçu que se rejoignent les deux lignes narratives initiales, l’ascension des robots tueurs et celle du maléfique Zypher ; mais la première est oubliée en cours de route et la deuxième finit en son et lumière…