Babel-sur-Meuse

Onomatopée

(c) Sanne Peper

(c) Sanne Peper

Les folies belge et néerlandaise ont encore frappé : avec « Onomatopée », l’humour totalement décalé et le non-sens sont à l’honneur.

Cela commence par le slogan « L’élan spontané a disparu de l’environnement néolibéral que la société est (après tout) devenue à présent » : phrase totalement dénuée de sens apparent, revendiquée comme telle par les auteurs. Et cet « après tout » est le cœur de cette pièce : une sorte de fatalisme doublé d’une révolte.

Mais il ne faudrait pas croire qu’« Onomatopée », dont la mise en scène ne présente pas de véritable logique, se contente d’être un numéro de grand-guignol. Il s’agit pour les auteurs, comme l’indique Damiaan De Schrijver, de « démontrer que la langue, bien souvent, est un instrument abusif ou pour le moins problématique. Sur des sujets parfaitement futiles, les personnages de la pièce échouent à se comprendre […]. Il s’agit de s’interroger sur la langue, le son, les sentiments. »

Et cette interrogation percute violemment le spectateur : entre les cinq acteurs, la communication paraît impossible, la scène est une sorte de tour de Babel du Café du commerce, où le langage semble commun mais où la compréhension reste unique, viscéralement, radicalement, étrangère à la compréhension de l’autre. Effet encore renforcé par les monologues en anglais (drôlissimes) et en néerlandais.

Les performances finales de chaque acteur (avec une mention particulière au numéro d’onomatopées du comédien Damiaan De Schrijver) sont hilarantes et méritent à elles seules le déplacement. Malgré l’apparent éloge de l’incompréhension, cette pièce illustre en fait tout ce que l’humanité a de meilleur : l’écoute malgré les difficultés, la tolérance et l’amour de l’autre. Cette pièce ne peut mieux tomber dans notre actualité déchirante, où, entre « migrants » et Proche-Orient, les preuves des ravages de l’absence de communication sont légion.