Con-fusion des genres

Le Réserviste

Le reserviste

Du Living-Théâtre aux Campesinos, le genre militant a acquis ses lettres de noblesse… Les années 1970-1980 nous ont concocté un florilège de pièces engagées dont on garde un souvenir nostalgique malgré la naïveté et parfois même la bêtise de certains propos. Mais enfin, c’était là un genre à part entière et on ne s’en plaindra pas, le matérialisme dialectique faisant office de bible.

Nous avons aussi connu, dans ces mêmes années, le théâtre à sketches, amusant quelques minutes mais virant assez rapidement à l’insipide, au scatologique et au vulgaire… N’est pas Coluche qui veut – loin s’en faut.

Il existe un nouveau genre : le conférencier. Si vous avez affaire à un bon, cela peut être intéressant et même instructif. (Bien que paradoxal dans une salle de théâtre.)

Enfin, hier soir, au théâtre des Doms, j’ai assisté à une représentation de « Réserviste », qui se révéla un savoureux mélange des trois genres. Tout d’abord la mise en bouche, avec trois acteurs dont un vraiment bon – Renaud Van Camp –, jouant tour à tour un personnage au chômage sur le ton enjoué de la comédie.

Dans un deuxième temps, la conférence très docte nous a fait un état des lieux.

Et enfin une revisite du premier sketch version gauche-gauche déprimant à souhait…

Pour les inconditionnels – ils étaient nombreux hier soir –, une soirée instructive et amusante à ne pas rater… Pour les autres, on pourra aisément s’en passer, n’ayant plus l’âge ni la patience nécessaires pour recevoir un cours magistral sur les effets pervers de la mondialisation et sur la solution suggérée du suicide par la lame… Au moment où le monde bascule dans un chaos indescriptible, on doit pouvoir écrire et travailler avec la profondeur requise. Ce n’est que du théâtre me direz-vous, et vous n’aurez pas tort, mais quand même…