Double

Available Light

crédit : Craig T. Mathew

‘c) Craig T. Mathew

Avec la re-création d’« Available Light », et après « Einstein on the Beach » et « Dance », Lucinda Childs réactive, pour la troisième fois en quelques années, une création emblématique de son travail du début des années 1980, fondé sur des collaborations prestigieuses et des principes scénographiques puissants.

Comme « Dance », « Available Light » est articulé autour du dédoublement : l’architecte Frank Gehry a conçu pour le spectacle un système de plate-forme permettant à la chorégraphe de déployer ses danseurs sur une partie haute ou une partie basse. La danse s’organise selon une vraie-fausse symétrie entre haut et bas, n’obéissant jamais à une stricte correspondance : certains danseurs sur la partie haute et d’autres sur la partie basse font, brièvement, des mouvements et parcours similaires, avant que soudainement les cartes ne soient rebattues et que le jeu de reflets entre haut et bas ne fonctionne différemment. La partition de John Adams et le spectacle lui-même sont d’ailleurs divisés en deux moments, d’environ 25 minutes chacun. Le second s’ouvre sur une magnifique pénombre, et le dédoublement s’opère cette fois, avec grâce, entre les danseurs et leurs ombres.

« Available Light » réussit ceci de splendide : donner en permanence le sentiment que les corps dansent selon une savante mathématique, un canevas sophistiqué qui, pourtant, paraît toujours limpide et intuitif. Quel code peut bien régir l’évolution de ces danseurs, leurs mouvements apparemment simples, les lignes droites qu’ils ne cessent de dessiner ? La réponse, en réalité, importe peu : il ne s’agit pas de rechercher la clé d’un cryptage. L’essentiel est que cette structure soit ressentie, repérée – pas déchiffrée ; qu’elle porte notre regard comme elle semble porter les danseurs, jusqu’à ce finale à la simplicité presque fantastique qui voit les corps se retrouver ensemble, en ligne, comme s’ils ne s’étaient animés qu’en songe, comme si tout était paisible.