Fais pas ci, fais pas ça !

La Mate

La Mate

(c) Laurent Schneegans

Je pénètre dans une petite salle du théâtre des Halles. Je me retrouve assis dans une pièce de pierre à l’atmosphère monacale.

Soudain, une femme apparaît, vêtue d’une robe noire, à l’allure austère et froide.

Elle s’installe derrière son pupitre et ouvre un livre. Ce livre, son livre, deviendra, le temps d’une heure, le journal d’une famille des années 1960, sa recherche du temps perdu, la mémoire de son histoire.

C’est alors que ce petit bout de femme s’illumine, le moteur s’allume, pour ne plus jamais s’arrêter ! Elle laisse tomber son apparence de nonne pour s’ouvrir et nous offrir un récit vivant et haut en couleur !

Avec un style croquant et pittoresque, elle nous dépeint avec précision la vie de sa famille, une famille nombreuse des années 1960 menée à la baguette par la « Mater », comme ses enfants aiment à l’appeler.

Ce récit offre des tableaux absolument délicieux, sincères, oscillant toujours entre le rire et l’émotion. La femme tourne une à une les pages de son livre, contant chaque fois un épisode marquant de son enfance.

Il ne lui suffit que de quelques clochettes, de diverses chansons, pour nous emmener et nous faire véritablement voyager dans les années 1960.

Flore Lefebvre des Noëttes incarne un à un tous ses personnages, du « Pater » à Jojo Pathelin le jardinier, sans jamais en faire trop. C’est dans cette salle-crypte qu’elle fait revivre toute une époque !

Par un jeu débordant d’énergie, de générosité et d’engagement, elle donne ici une leçon de comédienne.

Devant cette belle Madeleine de Proust, le public rit tout en étant touché par la profondeur houleuse de son histoire.

Ce spectacle plein d’humilité est un cri à la vie, un appel à la liberté, et nous offre simplement un beau moment de théâtre !