Glauque

Filles du paradis

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Ce spectacle est une adaptation du roman autobiographique « Putain » de Nelly Arcan. La vie dévastée d’une jeune étudiante qui devient escort girl. L’auteure, dans cette œuvre violente, offre sa vision désespérée des rapports hommes-femmes, de la féminité mise à mal, du corps comme marchandise.

Véronique Sacri, simplissime, excellente, nous livre cette parole. Tout est fait pour nous prendre aux tripes, nous bouleverser. Pour ma part, je suis restée de marbre, récalcitrante avec l’impression sordide d’être devant « Confessions intimes » ou de lire la page « témoignage glauque » de « Biba ». L’épuré de la mise en scène et du jeu accroissent la violence du propos jusqu’à l’écœurement. Pas de transposition poétique, pas de distance, pas de décrochage. La « vérité » toute nue. On se sent pris en otage d’un discours figé sur les rapports hommes-femmes.

Et qu’apprend-on de ce texte désenchanté ? Qu’on est toutes des putes potentielles ? Que l’homme est mauvais ? Que se prostituer tue ? Qu’une femme, passé un certain âge, n’est plus bonne à baiser et qu’elle tentera toute sa vie de combattre les blessures du temps pour qu’on la baise quand même ? Tout cela dit avec le sourire rageur et ironique de la comédienne. Je n’ai pas envie d’entendre ça, et il y a au fond de moi quelque chose qui n’y croit pas. Naïveté, peut-être… Il manque un pas de côté pour pouvoir apprécier ce texte et ce spectacle, bien que la plupart des spectateurs paraissaient conquis. J’ai eu de mon côté la sensation qu’on en appelait à notre curiosité malsaine (d’ailleurs rassasiée par tout un tas d’évocations de queues pleines de sperme sur le visage) pour mieux asséner une vérité qui dérange, une lucidité désespérée. Trop facile.