John : sexe, drogue et sauna

John

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Écrit à partir du témoignage réel d’un homme dont le prénom donne son titre au spectacle, « John » raconte la vie tourmentée d’un toxicomane et taulard gay en manque d’amour. Complaisamment sensationnaliste et tire-larme, la proposition n’est pas le choc annoncé.

Fondé et dirigé par le chorégraphe Lloyd Newson, le collectif DV8 s’attache à présenter le parcours chaotique d’un doux-dur peu épargné par la vie. Né dans un milieu social défavorisé, il découvre prématurément la cruauté et la violence humaines avec un père qui tabasse sa femme et viole sa sœur. Il tombe aussi dans l’alcool, la drogue et la délinquance. Il découvre son homosexualité dans le chassé-croisé sensuel et feutré des saunas gays londoniens. L’efficacité de la performance tient à sa scénographie, une tournette en mouvement constant, et surtout à l’hyperphysicalité de Hannes Langolf dans le rôle-titre et des huit acteurs-danseurs qui l’entourent, tous talentueux et engagés, souvent dénudés. C’est la particularité de la compagnie australienne que de développer un langage hybride et expressif qui fait joindre le geste au mot. Pourtant les deux sont variablement incisifs : à la parole déjà bavarde s’ajoute le mouvement, très indicatif et redondant tant la danse s’apparente à une illustration basique et gesticulante du propos.

La représentation tient de la machine bien huilée. Tout y est réglé au cordeau, mais il manque de la complexité, de l’âme. La crudité assumée du texte et de certaines situations s’estompe vite dans le grand spectacle esthétisant, plutôt lisse. Sans l’âpreté, le caractère noir et sulfureux des thèmes abordés sous les attraits d’un show à l’américaine, « John » est finalement dépourvu d’émotions fortes.