Les Carmes froids

Le Bal du Cercle

D.R.

D.R.

On attendait beaucoup de Fatou Cissé. La chorégraphe est une enfant de la balle. Fille du directeur du Ballet national du Sénégal, elle est depuis gamine plongée dans la danse. Elle est pourtant peu connue en France, où son « Bal du Cercle » prometteur constitue sa première fois avignonnaise. Un défilé de couleurs à la bande-son impeccable qui malheureusement ne convainc pas.

Qu’est-ce qui fait que ce spectacle ne fonctionne pas ? Après tout, la recette est parfaite ici. On commence par adorer ce geste qui n’hésite pas à régulièrement faire corps avec le public. La danse se fait d’abord frénétique et tourbillonnante, portée par des interprètes déjà habités par une arrogance sympathique et de rigueur. Car le point de départ de Fatou Cissé est à la fois social et politique. Il s’inspire d’une coutume sénégalaise, le Tanebeer. Cette pratique est un bal où les femmes mettent les hommes en dehors du cercle pour une joute d’excentricité. La présentation du spectacle nous apprend que « le Tanebeer est un espace de réalisation où les femmes s’affranchissent de leurs obligations et de la tradition pour devenir qui elles souhaitent. Mais il est aussi un moment de régulation sociale, de règlement de comptes où rivalité et solidarité se confondent ».

Mais dans la réalisation du spectacle, l’acte se vide de sa substance sociale pour n’être qu’un très joli et flamboyant défilé de mode au rythme fou. Cela ne suffit pas. La danse, qui offre quelques allégories de déséquilibre, se résume le plus souvent à une déambulation ponctuée de changements de (superbes) costumes.

L’engagement des artistes a beau être total, le manque d’évolution de ce spectacle qui étire son idée jusqu’à l’épuisement sans la fouiller le fait basculer dans une monotonie peu attendue.