Lumière qui aveugle, obscurité qui restitue

Exposition – Guillaume Bresson

Exposition Bresson Eglise des Celestins

Exposition Bresson Eglise des Celestins

L’église des Célestins met doublement l’image à l’honneur.

La « nef des images », cette si jolie idée initiée cet été, invite le spectateur à faire une pause dans cette folie festivalière en prenant le temps de picorer dans la mémoire vive de ceux qui ont fait Avignon. Mais il faut une âme un peu curieuse pour découvrir, au creux des alcôves, l’exposition de Guillaume Bresson, sans cartel ni signalétique, offerte aux yeux qui acceptent de voir sans tuteur.

L’intimité semble être le lien qui relie le travail de Guillaume Bresson à la performance de Sophie Calle ; le sol de terre doit confronter les artistes au primordial.

Ce jeune peintre – je me demande si ce qualificatif est justifié pour un trentenaire – a trouvé dans ces travées un espace idéal à l’exposition de ses toiles et compose la lumière comme une dramaturgie. La mémoire convoque vite Caravage, Poussin, Géricault ou La Tour tant la composition et la maîtrise du clair-obscur rappellent celles des maîtres. De loin, dans la fraîcheur et la semi-obscurité des chapelles latérales, on pourrait y croire. Les œuvres, toutes sans titre, racontent des histoires banales de violence, de quotidienneté urbaine, sans pathos, vides de tout sentiment.

Le trait ultraréaliste cohabite avec la fiction.

Les mouvements chorégraphiés, les corps sculpturaux cohabitent avec les fast-foods, les K-Way et les casques de scooter. La photographie cohabite avec la peinture à l’huile. Paradoxal donc, anachronique aussi, son travail interpelle et laisse un goût étrange, puissant et mélancolique.

La fusion du classicisme de forme et de la contemporanéité du sujet, voilà sans doute le sous-texte qui était celui d’Olivier Py quand il a choisi une toile de Bresson comme porte-parole visuel de sa programmation.