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Lettres de non-motivation

(c) Vincent Pontet

(c) Vincent Pontet

Julien Prévieux ne se revendique pas comme auteur mais bien comme plasticien. D’ailleurs, ce lauréat du prix Marcel-Duchamp expose en ce moment son travail sur l’enregistrement du mouvement à Beaubourg. Et pourtant, ses « Lettres de non-motivation » sont des pépites littéraires que l’on découvre avec jubilation. Le concept fait mouche autant dans le livre où elles sont rassemblées que dans les galeries où elles sont exposées. C’est certainement cette vision du monde du travail, drôle et gentiment rebelle, qui a poussé Vincent Thomasset à les mettre en scène. Hélas, c’est là qu’est l’os. Une fois les premières minutes passées, la méthode devient claire puis répétitive et trop vite ennuyeuse. Les cinq acteurs, méritants (on pense notamment à Anne Steffens), essaient d’accrocher l’audience à chaque nouvelle offre d’emploi, mais la pauvreté des propositions laisse de plus en plus indifférent. Certes, ils tentent des variations, formelles, mais tout tient plutôt de l’exercice, du travail en train de se faire, sans angle ni prise de position franche. Mais que cherche-t‑on à nous dire ? Il est toujours fascinant de constater que l’intérêt de porter un texte, aussi brillant soit-il, sur un plateau est loin d’être évident. La scène a ses exigences. Malheureusement, dans l’auditorium du Centre Pompidou, seule une non-motivation contagieuse a franchi le quatrième mur. Allez, on oublie tout et on passe à « La Suite » – le prochain spectacle avec lequel Vincent Thomasset revient dans le Festival d’automne débute le 4 novembre. Et on garde la motivation, parce que paraît-il c’est très bien.