Les prisonniers du boulot font pas de vieux os !

Le Réserviste

le reservisteJ’y suis allée comme ça, parce que j’apprécie ce théâtre des Doms et que les propositions belges sont souvent déroutantes, drôles et inédites. C’est un lieu phare du OFF où l’on aime tenter la découverte.

L’entrée en salle, Madonna dans les oreilles, coussins et poufs à la main, invite le spectateur à franchir ce fameux quatrième mur et à s’installer sur le plateau, face aux gradins, avec Antoine Laubin en maître de cérémonie.

D’accord, le spectacle est en trois parties, bien reçu, ils sont cinq salariés à travailler sur cette proposition, voilà, tout le monde est prêt à vivre une expérience, mise en condition idéale, nous ne verrons pas une représentation traditionnelle, non, ce sera bien une création.

Les trois comédiens, dont le très inspiré Renaud Van Camp, portent la parole de ce chômeur qui ne cherche pas de travail mais qui, comme à l’armée, se sent membre de la réserve de main-d’œuvre disponible. La théorie défendue a son charme : le chômage donne de la valeur au travail, la peur du chômage rend les salariés dociles et peu exigeants. Le sujet est riche, résonne, mais le texte s’alourdit de vulgarités inutiles et récurrentes. Essaie-t-on de nous faire rire ? Ça s’empâte (cucul caca et compagnie) et ça devient long, mais voilà qu’un chercheur en sciences humaines (un vrai !), différent chaque soir, monte sur le plateau. Malin de faire entrer en résonance avec la fiction des penseurs qui analysent dans l’aujourd’hui ce que représente la valeur travail. Belle idée de mise en abyme, nos « trois chômeurs » regardent en même temps que le public cette intervention, les premières minutes sont passionnantes, mais encore une fois c’est trop long… Puis il est tard, puis la faim et la soif, puis nous aussi, on se noie.