Ce flim est un pestacle

Blockbuster

© Dominique Houcmant

© Dominique Houcmant

Imaginez que vous puissiez vous retrouver dans les coulisses du doublage d’un film. Film « déjà » culte, parce qu’il est la mosaïque d’acteurs(trices) et de scènes mythiques du cinéma hollywoodien. Devant vous se trouvent une foule d’objets de musique ou du quotidien, image d’un vieux grenier envahi de bibelots sonores. Un mashup construit sur un dialogue – entre les doubleurs, les extraits cinématographiques, ainsi que l’écran, la scène et la salle – commence.

En quelque sorte, « Blockbuster » est une version live de « La Classe américaine ». Les cinq hommes et la femme s’activent sur scène, passant d’un instrument de doublage à l’autre, modulant leurs voix. Le public lui-même est immédiatement inclus dans les rouages de la performance en se faisant enregistrer – samples utilisés plus tard au cours du bruitage.

L’énergie du quintette construit un rythme enivrant. Dans une grande danse jubilatoire, leurs mouvements scéniques ainsi que le montage vidéo sont drôles et fascinants. On rit autant devant le ton décalé du montage des films que devant l’application dont témoignent les performeurs à trouver le bon instrument et à l’utiliser méticuleusement. L’inventivité face aux besoins sonores est foisonnante : meubles et outils divers côtoient une bouillotte (pour les crissements de pneus) ou encore un panier d’osier recouvert de papier bulle (pour le craquement du feu).

Cette mise en abyme du jeu tisse un lien fort entre le public et la scène. Le plaisir du public réside non seulement dans la découverte d’une intrigue – cousue de fil blanc et pourtant jouissive –, mais aussi dans son émerveillement pour les subtilités de la composition scénique. Même si l’on nous sert un amoncellement de clichés hollywoodiens, c’est bien dans ce jeu de reconnaissance avec les classiques et leur traitement que se trouve l’enthousiasme de la pièce. Qu’importe si la morale est binaire, le plaisir reste entier.