C’est à vous que ce discours s’adresse

La Dictadura de lo cool

LA DICTATURA DE LO COOL - Mise en scène : Marco LAYENA - Texte : La Re-sentida - Scénographie : Pablo DE LA FUENTE - Costumes : Daniel BAGNARA - Musique : Alejandro MIRANDA - Avec : Diego ACUNA - Benjamín CORTES - Carolina DE LA MAZA - Pedro MUNOZ - Carolina PALACIOS - Benjamín WESTFALL - Dans le cadre du 70eme festival d Avignon - Lieu : Gymnase Aubanel - Ville : Avignon - Le : 17 07 16 - Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

(c) Christophe RAYNAUD DE LAGE

D’abord, on vérifie que le public est le bon : au micro, on demande qui a voté Hollande (la majorité) ou qui est d’origine maghrébine (presque personne). Une fois confirmé que l’audience bobo est prête à recevoir une leçon de morale sur son hypocrisie, la pièce peut commencer.

Très vague adaptation du « Misanthrope » à la sauce chilienne postmoderniste – en réalité de facture très classique –, « La Dictadura » poste un constat sans appel : du rouge de la Révolution, il ne reste que la moquette sur laquelle on balance en vrac flûtes de champagne, œufs, crachats, dans ce mépris de classe exacerbé par l’image finale de la femme de ménage en costume d’ours (classes laborieuses, classes plus vraiment dangereuses) qui, au petit matin, se retrouve seule à nettoyer le bordel des bourgeois fêtards.

Le spectacle est saturé d’effets vidéo, entre snuff cinéma et YouTube amateur. On déambule, suivi par une caméra à l’épaule, sur différents plans du plateau, puisque les protagonistes survoltés sont incapables de tenir en place. Dès le début, et jusqu’à la séquence finale, la mise en scène compense en agitation ce qu’il lui manque en réflexion, façon Rodrigo Garcia des mauvais jours. Car cette jeunesse sous ecstasy n’a pas grand-chose à dire, au-delà d’une charge un peu facile contre les Angélica Liddell du théâtre contemporain.

Une intention agit p(r)op, un second degré permanent et une lucidité affichée sur la possibilité de son propre échec artistique offrent à « La Dictadura » une tentative de dédouanement facile. Qu’on a peine à lui accorder, tant ce spectacle est antisubversif.