De la vie des marionnettes

La Vie des formes

(c) Benoît Schupp

(c) Benoît Schupp

L’histoire raconte que, dans les années 1950, une grande comédienne jouant « Le Soulier de satin », de Paul Claudel, avait confié à un spectateur ravi mais n’ayant rien compris à la pièce qu’elle n’y comprenait rien non plus. On avoue qu’on n’a pas tout compris à la proposition de Célia Houdart et Renaud Herbin. Mais a-t-on besoin de tout comprendre pour être embarqué par un spectacle ? Dans le jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph, la réponse est assurément non.

Célia Houdart est écrivaine. Renaud Herbin est marionnettiste. Tous les deux se rencontrent autour du thème de la création du personnage. Personnage de roman ou marionnette, créature de papier, de bois ou de métal, l’écriture de Célia Houdart, elle-même fille de marionnettiste, relie ces personnages dans une veine autobiographique. Son texte est minéral, ancré dans l’enfance et dans la pierre de Carrare, où elle a vécu et travaillé la pierre de ses mains.

Autobiographiques ou autofictionnels, peu importe, les mots de Célia Houdart portent la danse de Renaud Herbin et de sa marionnette. Est-ce l’enfance de l’auteure qui danse avec le chorégraphe ? Est-ce une incarnation d’un personnage de roman ? Ce personnage blanc, exsangue, représente la surprise d’être au monde. Qu’il se repose sur le corps de Renaud Herbin ou que le corps de Renaud Herbin se repose sur le sien, leurs forces se confondent, le souffle du danseur passe dans le corps de la marionnette qui finira par tenir seule, sans le support de son créateur. Une merveilleuse ode à la vie des personnages fictifs au texte parfois un peu obscur, mais dont la poésie emporte notre cœur.