En marche

Soft Virtuosity, Still Humid, on the Edge

Soft Virtuosity, Still Humid, On The Edge - © Nicolas Ruel

« Soft Virtuosity, Still Humid, on the Edge » – © Nicolas Ruel

Sur des lignes de course, l’Homme est en marche. De gauche à droite. Puis l’inverse. Parce que rien n’a de sens et qu’il faut tout essayer. Alors, devant nous, des hommes tentent, claudiquent, se déforment, chutent et se rattrapent. C’est tout à la fois le mouvement vital d’une humanité en recherche et, surtout, la certitude de se trouver au cœur de ce que doit être la danse. Certitude qui rappelle Anne Teresa De Keersmaeker, pour qui « la marche est le point de départ d’une danse possible, car elle est ce qui organise l’espace et le temps ». Au fil des marches, la danse apparaît donc et avec elle la capacité de l’Homme à s’extraire du vide pour rejoindre la communauté. Car au fil des solitudes, l’Homme qui jusqu’à présent marchait seul trouve une communauté d’entente et de vie. C’est alors « La Cène » et « Le Radeau de La Méduse » qui apparaissent dans la cour du lycée Saint-Joseph. En tout cas, c’est la fin d’une marche droite vers la mort et un détour vers l’amour qui se présente face au public. Tradition multiséculaire du penseur, la marche devient ici médium du sentiment, à la fois origine du mal et unique solution à la survie des mourants que nous sommes. Comme Marie Chouinard, Antonio Machado l’exprimait aussi en son temps quand il écrivait dans un de ses poèmes : « Voyageur, le chemin, c’est les traces de tes pas. C’est tout ; voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. » Reste que c’est à force de marcher que le poète est mort. D’épuisement. Ainsi, c’est comme un appel au mieux qu’il faut considérer « Soft Virtuosity ». Comme une exhortation à marcher vers la lumière. Sans s’épuiser.