Exit ou pas

jisun kim

(c) Jisun Kim

C’est typiquement pour ce genre d’expérience qu’il faut venir au Kunstenfestivaldesarts, pour penser out of the box. Ne cherchez pas un repère connu, une béquille sur laquelle reposer votre attention, rien ne sera déjà vu ou familier, il s’agit ici d’accepter le voyage dans une autre dimension. Vous voilà immergés dans des réalités parallèles, véritable monde bis avec ses lois, ses défis et rébellions. Gardons seulement en tête que l’inconscient ne fait pas la différence entre le réel et le fantasmé. L’artiste sud-coréenne Jisun Kim nous invite à la suivre – ou plutôt à suivre son avatar, sorte de Xena la guerrière urbaine – au cœur de la virtualité pour interroger les gamers sur leur vie au sein du jeu et leur lien avec le monde réel. Trois grands écrans, parfois eux-mêmes doublés virtuellement, composent cette installation et plongent le public dans l’esthétique si caractéristique des jeux vidéo. Jusque-là, tout est sous contrôle. Mais grâce à un art du montage consommé, l’artiste ouvre un champ de réflexion abyssal en nous livrant trois choix de vie si différents qu’ils en deviennent poétiques. Le geste artistique prend alors tout son sens, le travail de Jisun Kim comme révélateur. Fascinant de découvrir ces deux personnes qui ont décidé de ne plus quitter leur appartement virtuel, passant leur temps soûles et droguées, et de vivre un court instant le vertige de leur choix en voyant l’écran se brouiller au fur et à mesure des verres ingérés ; ou ce personnage qui cherche la façon la plus « lol » de mourir et tente toutes les possibilités offertes par le jeu ; ou bien encore, mon préféré, qui pendant un an (temps réel) marche tout droit en continu pour atteindre enfin la frontière du jeu, le trou noir. Abyssal donc (autant qu’embryonnaire), ce sujet de réflexion, quand on constate que la hiérarchie entre les différentes réalités n’a plus lieu d’être mais qu’il y a désormais des choix et des possibilités d’échappatoire nouveaux.