La guerre des sexes n’aura pas lieu

King Kong Théorie

(c) Philippe Weissbrodt

(c) Philippe Weissbrodt

Simone de Beauvoir. Betty Friedan. Camille Paglia. Virginie Despentes. Elles sont nombreuses à avoir montré que le féminisme pouvait sauver des vies. Despentes, elle, n’y va pas par quatre chemins dans son texte coup de poing, « King Kong Théorie », paru en 2007 et ici adapté pour la scène par Émilie Charriot. Elle écrit pour les femmes, pas celles qu’on voit étalées page après page dans les magazines féminins remplis d’injonctions toutes plus aliénantes que les autres, mais les femmes de la vraie vie, celles qui ont la flemme de s’épiler quand elles mettent un pantalon, celles qui s’en foutent d’avoir le cul ferme pour la plage l’été, celles qui rêvent de tomber amoureuses comme celles qui refusent le couple par peur de s’y emmerder, celles qui se sentent toujours un peu à côté de la plaque ; celles qui prennent un risque chaque fois qu’elles sortent dans la rue parce que c’est aussi ça, être une femme.

Il y a du Claude Régy période « 4.48 Psychose » chez Émilie Charriot. Pas de fioritures mais des corps. Droits. Dignes. Et une parole qui s’élève. Être une femme, c’est prendre un risque que les hommes ne prennent pas, voilà le postulat de départ. Mais c’est aussi refuser d’être la victime toute désignée que la société veut que nous soyons. Être une femme c’est faire non pas contre, mais avec. Avec les violences quotidiennes imposées, avec les risques inhérents à notre sexe. L’éclair de génie du texte, impeccablement servi par Julia Perazzini et Géraldine Chollet, toutes en violence et émotion contenues, c’est de ne pas opposer les hommes et les femmes mais de s’adresser aussi aux hommes. Car le féminisme est l’affaire de tous.