ETHICA

ETHICA Guido Mencari

Il me semble que tenter de décrire ce qu’il se passe dans ce cube immaculé est forcément une trahison. Nous sommes dans un laboratoire où l’image devient histoire puisque dotée de vies antérieures et futures. Ce chien/caméra qui miaule et parle me semble étrangement familier (depuis Aristote et relayé entre autres par Agamben, nous savons que « les animaux ne sont pas dépourvus de langage, au contraire, ils sont langage en permanence »), comme s’il avait toujours été là à rire des prétendues illuminations, à faire résonner le chœur antique du cœur, à affirmer que nous sommes les témoins du dernier couple de l’humanité, et par là même stérile.

Ce geste que nous offre Romeo Castellucci au T2G est une expérience primordiale car il transfère le pouvoir créatif de son univers mental au cerveau du spectateur. Le procédé immersif du dispositif implique que celui qui regarde crée l’image. Tous démiurges ? Tous différenciés pour le moins ; il est étonnant de se sentir l’unique destinataire de la Parole dans une audience collective. Et pourtant le langage ne menace pas la représentation au sens d’Artaud quand il parle du vol de la parole par l’acteur, mais apparaît en négatif au sens photographique du terme. Cette parole délibérément énigmatique (on se souvient des devinettes du “Métope”) prouve une fois de plus que pour la Societas Raffaello Sanzio la Beauté n’a pas besoin d’argument, et que l’intense matérialité des images relie les entrailles et l’Esprit.