(c) Ramdam, un centre d'art

(c) Ramdam, un centre d’art

Il était une fois des bras. Deux paires de bras, seulement, qui se rejoignent sans tarder pour ne se délier que bien plus tard. Quatre bras qui montrent et racontent l’essence de la danse par la répétition incessante d’un mouvement enchaîné sans discontinuer, recréé sans tergiverser, à l’identique, invariablement à l’identique. Cet obsédant motif, soutenu par des choix sonores qui amplifient son magnétisme et son mystère – une histoire est murmurée, d’une voix féminine si belle, qui captive mais ne laisse pas comprendre ce qu’elle dit -, nous mène sûrement vers cet infini que deux corps qui se touchent savent si bien saisir, incarner, embrasser.

On ne sait rien de ce qu’il se joue, on ne peut pas comprendre, on ne peut que suivre ces bras (car on ne voit qu’eux), qui nous entraînent dans le mantra dansé qu’ils s’obstinent à dessiner pour nous ; le cerveau ne subit pas, il se laisse faire, se défait. Ce lien en mouvement, que l’on croyait, que l’on espérait, peut-être, indéfectible, au moins dans cette danse sans fin, se dénoue pourtant sans crier gare. Un autre motif corporel s’invite, malgré le détachement des bras ; le dialogue sans mot et presque sans regard continue ; la connexion reste à distance ; ce parallèle des corps qui a pris place offre un autre regard sur un autre “lien vibratoire” à la frise déployée incessamment et qui évolue finalement pour que les corps se touchent à nouveau, bien plus que par les seuls bras, portés par un flux qui ne leur laisse aucun répit. Nous étions proches, alors, d’être imperceptiblement emmenés vers l’ébauche d’une lassitude, tangible, loin des sphères du début. C’est alors que le mouvement sait s’arrêter. Élégance d’une fin qui sait venir au juste moment.