Intro-spectare

We’re Pretty Fuckin’ Far From Okay

WE RE PRETTY FUCKIN FAR FROM OKAY - Conception et chorégraphie : Lisbeth GRUWEZ - Composition et son : Maarten VAN CAUWENBERGHE - Lumière : Harry COLE, Caroline MATHIEU - Dramaturgie : Bart VAN DEN EYNDE - Scénographie : Marie SZERNOVISZ - Costumes : Véronique BRANQUINHO - Avec : Lisbeth GRUWEZ - Nicolas VLADYSLAV - Dans le cadre du 70eme festival d Avignon - Lieu : Gymnase Paul Giera - Ville : Avignon - Le : 17 07 16 - Photos : Christophe RAYNAUD DE LAGE

(c) Christophe Raynaud de Lage

Esthétique de la défense, mouvement de claustrophobie intérieure, les deux danseurs de « We’re Pretty Fuckin’ Far From Okay » meuvent un corps qui les agresse. Ils évoluent avec une lenteur reptilienne dans un premier temps puis la frénésie de l’angoisse. Son travail chorégraphique porte les cicatrices de son cheminement artistique. De son passage à PARTS semblent lui rester un rythme, une ponctuation, une inquiétude façon « Rosas danst rosas ». Dans sa façon d’aller chercher la justesse au creux de l’épuisement, on sent brûler encore un peu de Jan Fabre.

Lisbeth Gruwez semble poser de grandes questions métachorégraphiques. Comment faire entrer le spectateur dans l’œuvre ? Comment introduire le spectateur dans le corps de l’interprète, le faire se glisser dans ses membres pour qu’il en sente les frictions ? Est-ce que l’étourdir de sa respiration fonctionne ? Est-ce qu’étirer la souffrance des corps provoque l’empathie physique nécessaire ? Pour traiter de l’angoisse, elle crée un mouvement chorégraphique qui se regarde de l’intérieur.

La lenteur des mouvements premiers contraint le spectateur à l’observation attentive des corps, du moindre micromouvement, du frisson à la bandaison du muscle. Le spectateur se trouve face à l’essence de ce qu’est « être spectateur de danse », soit une attention exceptionnellement précise portée sur un corps en mouvement. L’attente impatiente que se produise un mouvement, cet évent aussi anodin qu’essentiel. Nicolas Vladyslav est absolument sublime.