Marathon maternel

C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde

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« Rennes : sa femme accouche, il s’enfuit avec le placenta » – La Dépêche (31/01/2015).

Cela vous étonne ? Selon certains partis pris, manger son placenta favoriserait la lactation et soignerait la dépression. Cette pratique (rassurez-vous) est interdite en France. En même temps, c’est justement cette interdiction-là qui engendre des faits divers comme celui-ci. Cela vous dégoûte ? Cela vous rappelle quelque chose ? Pas de complexe. Au contraire. Au regard des rires hilares qui fusent dans la salle, ça sent le vécu de certains spectateurs.

Exemple le plus extrême de tout un tas de scènes, les Filles de Simone réalisent un vrai marathon cathartique. Entre introspection et comique, elles dézinguent les enjeux qu’une future mère devra tôt ou tard affronter. Au choix : le baby blues, l’annonce faite à son boss, le gynécologue, la distorsion de son corps, la perte de libido, l’emploi du temps familial, etc., etc. C’est donc (un peu) compliqué d’être l’origine du monde. Faisant appel à notre bonne vieille Simone, elles proposent un manifeste issu du féminisme moderne. La maternité n’est donc pas qu’une affaire de bonne femme, comme elles le disent si bien : « Le privé est politique. »

Portée par deux comédiennes d’une énergie d’enfer, cette écriture collective nous rappelle qu’on peut rire de tout. À cette image, la scénographie de bric et de broc vaut son pesant d’or : un ballon de baudruche, des Post-it, un peu de boudin et des faux seins. À l’opposé du glamour, c’est simple, efficace et drôle. Du second degré, elles en ont, assurément.