« Les adultes, c’est vraiment des trouillards ! »

Piletta remix

© Anthony Abbeloos

C’est un conte comme bien d’autres : une petite fille découvre le monde, mais pas de la manière la plus facile qui soit. Piletta Louise cherche à sauver sa grand-mère, et elle s’en va comme ça, se battre toute seule contre la mort, en quête d’une fleur rare et vitale. Et pour partir en exploration avec elle, le Collectif Wow ! dévoile l’épopée de Piletta Louise par le biais d’un univers sonore riche et sensible.

La fiction, remixée sur le mode radiophonique, emmène le spectateur dans une expérience délicate et puissante. Les artistes et techniciens jouent du grain de la voix et des possibilités des machines (boîtes à rythmes, samplers et autres logiciels) pour donner vie à ce périple. Ciselé au rythme d’une vocalité ainsi que d’une bande-son très travaillées, le chemin de Piletta Louise est empli de sensations simples et d’émotions complexes qui font mouche.

Le son, cette matière texturée mais invisible, remet en question la mise en scène de cette performance radiophonique en live. Pour donner naissance à ce conte initiatique, il faut baisser les projecteurs, jouer des ombres qui projettent autant d’images que l’imagination en crée, seule, au contact de cette épopée auditive. C’est un feu d’artifice qui se trame dans la pénombre, où se tapissent les artistes. Un spectacle qui pétille dans une semi-obscurité. Le Collectif Wow ! joue de la simplicité de son récit et de l’ingéniosité de sa mise en scène pour se resserrer sur l’essentiel : les sentiments divergents, virevoltants, les impressions diverses et variées par lesquelles passe la petite fille dans sa quête extraordinaire. Un univers d’enfant loin d’être enfantin, où l’on apprend que les adultes, eux, sont des trouillards.

« Piletta remix » est une invitation tendue par les artistes au public ; créer par le son, pour la beauté du son, en se soumettant aux aléas du direct. C’est une pièce qui joue d’une sensibilité toute lyrique, grattant la corde fine des sentiments et des perceptions. Un petit bijou sincère et technique, où la machine vient au secours du récit et illumine la voix ; où la voix n’est qu’un instrument comme un autre, au service du texte.