Comptine

Où vont nos mots lorsqu’ils s’échappent de nos bouches ? Et si nous pouvions redonner de la voix à ceux qui n’en ont plus ? Voilà le projet un peu fou qui semble devenu possible en 2070. Le dispositif scénique fait bien sûr écho à celui de « Hearing » de Koohestani, découvert au Kunstenfestivaldesarts de 2016, qui, en plus d’être un compatriote de Shahmiri, utilise lui aussi la voix comme point de départ dramaturgique et les femmes comme incarnation sur le plateau. On retrouve dans cette première mise en scène d’Azade Shahmiri la sobriété des effets et l’importance donnée à la transmission de la parole présente et passée, avec un accent mis sur l’image comme témoin de ce passé. L’histoire se voulait à suspens comme une nouvelle policière mi-sociale mi-science-fiction ; dans un futur proche, les voix des disparus ou des presque morts sont à nouveau audibles, et c’est alors que les descendants des victimes de crimes non résolus peuvent demander justice grâce à un tribunal virtuel. Difficile cependant de suivre totalement cette gentille tentative de mise en scène ; tout y est descriptif, un peu naïf, sensible certes mais sans force ni propos pour justifier le passage au plateau.