Cosmétique

© Danny Willems

Sur la voûte du planétarium de Bruxelles, des images du cosmos sont projetées. Et en voix off, trois personnages en quête d’un monde commun. Ainsi, science et politique, par la suture du poétique, se trouvent liées en un même destin. À l’horizon cosmopolitique de l’humanité doit répondre une cosmologie fondatrice. On l’aura compris, et pour reprendre le texte de l’œuvre, « le multivers est dans tout et tout est dans le multivers ». Par cette arlequinade qui transforme l’univers en multivers, c’est en réalité une vision classique du cosmos – conçu comme tout organique – que l’artiste se réapproprie. Derrière les références omniprésentes à la science moderne, c’est surtout à un usage assez restreint de celle-ci que l’on assiste. La poésie n’est plus dans la science, mais c’est la science qui se retrouve fondue dans la poésie : le savoir scientifique est alors relégué à la condition de simple prétexte sur lequel s’édifie une fable poétique et politique dont l’humanisme excessivement transparent laisse un peu sceptique. Ainsi passe-t-on subrepticement de la cosmologie scientifique aux mythes cosmogoniques pour nouveaux croyants cosmopolites. Dans cette quête, le monde se délite et, perdant sa rugosité, devient ce grand amalgame mystico-cosmologique qui fait de la science moins une modalité de transformation matérialiste du réel que l’incarnation impuissante d’un spiritualisme new age.