Danse pour tous

Dub Love

DR

Il existe depuis quelques années une tendance de la danse contemporaine à laquelle il est difficile d’échapper : celle qui prétend faire un pont entre un art régulièrement taxé d’élitisme et un pan de la culture plus populaire (citons pour exemples le travail de Trajal Harrell autour du voguing, ou encore celui de Lisbeth Gruwez, qui a récemment proposé un spectacle autour des chansons de Bob Dylan). Cecilia Bengolea et François Chaignaud, quant à eux, se sont intéressés au dub, mélange de sonorités reggae et de rythmes électroniques.

On devine chez les deux chorégraphes une volonté de gommer une certaine hiérarchisation qui verrait, en haut de la pyramide, la danse classique, et en bas les danses urbaines. Dans « Dub Love », pas de jugement de valeur ni de snobisme, on oublie le classement établi arbitrairement au nom d’un bon goût daté et malheureusement internalisé par une partie du public et on range aux oubliettes la verticalité au profit de la linéarité. C’est donc avec une joie décomplexée qu’on mélange pointes et twerk, justaucorps et platine de DJ. Il ne s’agit pas de faire du beau à tout prix mais de démontrer que les danses urbaines ont tout autant leur place sur scène que les autres. Mieux, que la danse n’est pas condamnée à rester figée dans le passé.

Cette entreprise de dépoussiérage a un effet inattendu mais très appréciable sur le public. Décomplexé par ce qu’il vient de voir, il délaisse les applaudissements traditionnels pour réagir comme il ne se l’autorise généralement que devant un concert : il vocalise son enthousiasme. Mission accomplie : la danse est rendue à tous.