Danseuses à mitraillettes

(c) Richy Wong

Cinéaste et chorégraphe chinoise, Wen Hui a choisi dans « Red » de mêler ses deux médiums de prédilection pour mieux parler de l’histoire de son pays. Le point de départ du spectacle, c’est le livre que nous voyons projeté sur l’écran du fond de scène dont les pages se tournent devant nous. Sur ce livre, des photos ainsi que des schémas décrivant les postures des danseuses du ballet « Le Détachement féminin rouge ». Afin de mieux questionner l’histoire de son pays et les liens entre passé et présent, Wen Hui confronte sur le plateau deux générations de femmes, celle qui a participé à la Révolution culturelle, et celle de leurs filles. Problème : très didactique, la pièce n’en reste pas moins difficile à appréhender pour un public occidental peu au courant de ce qui se passe en Chine. Là où Wang Bing, lui aussi documentariste, privilégie l’image dans des films fleuves mais peu bavards, Wen Hui adopte la position inverse : beaucoup de textes en très peu de temps. Quiconque n’aura pas potassé un manuel d’histoire avant de venir restera très probablement en dehors d’une grande partie du spectacle. Pour ceux qui feront l’effort de s’accrocher, ils ressortiront de là remplis de questions sur les rapports entre mémoire collective et mémoire personnelle, sur la façon dont on peut s’accommoder d’une situation difficile en essayant d’y trouver son compte. Pour les autres, il restera quelques beaux passages dansés.