Deen Burbigo emporte tout sur son passage. Le verbe haut, l’accent canaille, le jeune rappeur séduit par la gouaille parisienne de son flow et nous amuse de
ses apartés flegmatiques, teintés de son sud natal. Venu nous présenter son Grand Cru, premier album solo paru en mars dernier, le rappeur a livré un concert maîtrisé de près de deux heures au Bataclan, rythmé par les diverses invitations à monter sur scène qu’il a lancées à ses amis, parmi lesquels l’Entourage et le S-Crew. Le set est nerveux et contrasté, les flows de chaque rappeur s’entrechoquent sans s’écharper. Celui de Jazzy Bazz notamment, ample et souple, apporte un contrepoint solaire au flow plus fièvreux de Deen Burbigo. “Elevé parmi les fauves, la meute me follow” comme il l’assène dans “Là Gamin” l’un des morceaux phares de Grand Cru, dont le clip léché en forme de série noire a fait exulter ses fans. Rapidement, la scène est envahie de Saboteurs, le public jubile et on entend surgi de la horde le flow lapidaire et incisif de Nekfeu. Les morceaux s’enchaînent, on redécouvre les premiers morceaux du collectif, “qui était là au début ?”, la fosse entière lève une main unanime. Mensonge ? Qu’importe, ceux qui ont rejoint le rappeur en route se sont rattrapés et scandent d’une même voix les refrains des débuts. Le concert touche à sa fin, Deen Burbigo et Nekfeu entonnent “Dans tes rêves”, une jeune fille glapit, devant on hurle “c’est celle là !”, et les téléphones portables sont fébrilement ressortis pour immortaliser le moment. Le Bataclan ressort euphorique de ce grand cru.