© Fabien Cambero

Dans la programmation « spéciale Chili » imaginée par le Quartz de Brest, “Acapela” faisait figure d’ovni et cela en fut un. Javiera Péon-Veiga, qui dirige le NAVE, un centre de résidence et de création à Santiago, a fortement contribué à la programmation de cette édition spéciale qui avait pour but de nous faire découvrir l’état de la production chorégraphique de ce pays d’Amérique latine. Manquons-nous encore de références pour apprécier à leur juste valeur ces spectacles ? Est-ce que les sujets qui occupent voire préoccupent les Chiliens sont à ce point éloignés des nôtres que nous n’entrons pas là dans l’œuvre ? Le fait est que Javiera Péon-Veiga met en place tout un processus pour son “Acapela” qui met en appétit.

Avant d’entrer dans la salle, on doit ôter ses chaussures, son manteau, laisser aussi son sac devant la salle. Il est précisé de ne pas avoir d’objets en métal ni de briquets, qu’en entrant dans la bulle dans laquelle elle allait nous conduire, on comprendrait. Le fait est qu’on est amené à pénétrer dans une grande ogive de satin blanc d’où surgissent des bouches d’aération reliées à un compresseur qui soufflent dans la sphère pour la gonfler. On pense à une montgolfière mais cette fois-ci, on est dedans et elle ne sert pas à nous élever dans l’air.

Cinq danseurs, tout de blanc vêtus, sont déjà là. Ils font face aux parois de cette embarcation. On ne voit en y entrant que leurs nuques. Le public hésite. Doit il être debout, assis ? Il finit par s’asseoir alors que les danseurs esquissent des petits gestes, puis soufflent les yeux fermés au point qu’on pense plus à des artistes aveugles qu’à des danseurs qui ont fait une recherche sur le souffle, comme le prétend Javiera Péon-Veiga dans ses intentions. Tout y passe, du souffle projeté jusqu’à l’épuisement, au râle de plaisir les danseurs qui vont d’un point à un autre de leur bulle, slalomant entre les spectateurs. Ainsi s’achève une expérience qui a nécessité beaucoup de moyens et de temps et qui semble simplement ne pas concerner les spectateurs. On reste très extérieur fasse à cet exercice vain. Dommage.