Virtuoses

Le Terabak de Kyiv

© Christophe Raynaud De Lage

Un cabaret ukrainien ? Quelle est donc cette nouvelle fantaisie, cette nouvelle forme hybride qui nous est proposée ce soir ? Alors que les derniers spectateurs se faufilent dans les gradins, le maître de cérémonie prend la parole au micro. Yann Frisch, jeune magicien prodige et comédien poilu et désopilant, nous demande de bien vouloir nous la fermer, histoire de laisser les artistes faire leur travail. Le ton est donné, potache et piquant, et c’est déjà l’hilarité générale. Les premières notes de musique retentissent et les Dakh Daughters, femmes fatales au charisme ensorcelant, lancent la suite des festivités. Ces sept chanteuses-comédiennes-musiciennes envoûtent immédiatement la salle avec leur énergie magnétique. Leurs voix de sirènes venues du froid au service des mélodies rock’n’roll de Vlad Troitsky charment immédiatement l’assistance. Ce sont elles qui battront la mesure de ce cabaret imaginé par Stéphane Ricordel, directeur du Théâtre Monfort et dénicheur de talents fabuleux. Le Terabak accueille des artistes circassiens d’une virtuosité inouïe, capables de merveilles dans l’espace réduit et intimiste d’un chapiteau comme dans le décor impressionnant d’une amphithéâtre. L’acrobate Matias Pilet ravit nos cœurs avec son numéro clownesque à couper le souffle tandis que les Argentins Daniel Ortiz et Josefina Castro défient la gravité sous les regards ahuris de l’audience, déployant une sensualité fascinante. Ce cabaret-cirque respire la finesse : sûr de l’originalité et de la qualité de sa proposition, il ne déploie ni franfreluches ni esbroufe. C’est un cadeau qui s’offre tout nu et tout entier au public, qui secoue le cœur, le corps et les oreilles avec éclat et majesté.