© Marion Gotti

Le spectacle n’est pas encore commencé que déjà un clivage semble diviser le public en deux : ceux que les gesticulations sonores des six membres du Bureau de l’APA rendent pour le moins circonspect ; et les autres, majorité de moins de trente ans, clubbers putatifs, qui se dodelinent aux rythmes hard-électro mixées sur une scène qui se chauffe. Alors le discours commence : il s’agit de « renouveler la connectique de nos représentations ». On passe de l’énervement physique à l’agacement intellectuel. Et puis les connexions commencent, et tout bascule, dans un paradoxe étrange : la proposition est ultra techno, sorte d’ambiance steampunk avec un plateau envahi de câbles électriques, de tables de mixage et de micros, et pourtant c’est le corps et la voix qui sont au cœur du dispositif. Car la connexion est d’abord celle des mots (dits, slammés, criés, chantés), et des parties du corps humain qui interagissent entre elles et avec la matière de la façon la plus hétérodoxe possible  : un citron fait du chant lyrique, un verre de vin rouge sert de conducteur électrique entre des performers chantant au bouche à bouche… Si le spectacle, reposant sur l’exploitation d’un concept unique, souffre d’une certaine longueur, il reste tellement barré, tonifiant et original qu’il mérite le détour.