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Dernière création de Mónica Calle, “Ensaio…”, est sans nulle doute une oeuvre radicale, qui possède un pouvoir de fascination égal à sa capacité d’exaspération. La comédienne et metteuse en scène propose un travail sur la répétition artistique, celle de la danse et de la musique. S’appuyant sur des témoignages réels (notamment issus de documentaires sur Leonard Bernstein), elle convoque sur le plateau, elle incluse, 12 comédiennes de 22 à 50 ans, immédiatement déshabillées, qu’elle pousse dans leurs retranchements physiques par une alternance de séquences alternativement musicales (chaque femme jouant, tant bien que mal, d’un instrument à cordes) et chorégraphiques.

Le résultat ? Un exercice puissant sur le corps féminin, non pas le corps idéalisé de la mode et des magazines, mais des corps réels, imparfaits, maladroits. Rarement aura-t-on été spectateur d’une émotion aussi forte envahir, simultanément, pour cette ultime représentation au Teatro Nacional, les performeuses nues, fragiles, et le public. Comme un transe portée jusqu’aux larmes par des boucles chorégraphiées et musicales, brutes, répétitives, qui ne feront plus jamais entendre le “Boléro” de Ravel ou l’allegretto de la 7e de Beethoven de la même façon… Comme une ode à la tentative, à l’échec, à l’effort, à ce qu’ils portent de notre humanité en quête de dépassement de soi.