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Créé à Vancouver cette saison par le Theatre Conspiracy, “Foreign Radical” explore avec beaucoup d’originalité la question du terrorisme et de nos sociétés de surveillance. A mi-chemin entre installation interactive et performance ludique, il propose à une vingtaine de spectateurs un parcours d’un espace à l’autre, déterminé par les réponses de chacun à des questions plus ou moins intrusives : avez-vous déjà menti à un officier de sécurité lors d’un passage de frontière ? Avez-vous regardé de la pornographie ces dernières 24 h ? Avez-vous déjà détérioré un bâtiment public ? En fil rouge, l’histoire d’un étudiant arabe, interprété par Aryo Khakpour, dont on doit déterminer, en fouillant (réellement) ses affaires, si l’on dispose de soupçons suffisants pour l’ajouter à la liste de suspects terroristes. La dramaturgie non conventionnelle de “Foreign Radical” est particulièrement réussie dans sa dynamique de suspense, et parfaitement animée par le maître de cérémonie déjanté Milton Lim, qui ajoute une touche d’humour et d’étrangeté à l’ensemble. Ce qui est problématique, en revanche, c’est la réflexion qui est derrière : au fur et à mesure du parcours, le concepteur du projet Tim Carlson tente de pousser chacun dans ses retranchements, de susciter un questionnement intérieur qui reste somme toute assez attendu et, surtout, pas assez radical. Les différents choix ne sont pas assez imbriqués les uns dans les autres, et la performance reste coincée au milieu du gué, entre décryptage psychologique des effets de mimétisme et de pression du groupe, et analyse de fond sur l’actuelle politique nord-américaine en matière de lutte contre le terrorisme. La dernière séquence de témoignages arbitraires de deux ou trois spectateurs sous la forme d’un pseudo interrogatoire light, est à l’image de ce flou conceptuel.