Proposé à la fois au CND de Pantin et au festival Artdanthé à Vanves, « Le Tour du monde des danses urbaines en dix villes » est une performance qui privilégie une lecture politique de la danse comme expression à la fois revendicatrice et émancipatrice. Conférencière peu académique en jogging extralarge ou microshort et perruque blonde, la danseuse brésilienne Ana Pi s’illustre dans un festival de balancements et de déhanchés qui sollicitent abondamment les abdos fessiers. Elle communique ainsi sa passion contagieuse pour les danses inventées dans la rue, les ghettos, les clubs aux quatre coins de la planète par des communautés souvent pauvres et minoritaires en manque de reconnaissance et de liberté.
On doit l’idée de ce spectacle iconoclaste au duo franco-argentin François Chaignaud et Cecilia Bengolea, dont le cosmopolitisme et l’intérêt pour la pop culture ne sont plus à prouver. Le show à forte vocation documentaire traverse les métropoles de l’Afrique du Sud et de l’Amérique en prenant appui sur des vidéos projetées qui passent en revue, une heure durant, le pantsula de Johannesburg, le krump de Los Angeles, le dancehall à Kingston, le voguing à New York… Ces danses populaires trop cantonnées à leur utilisation commerciale dans les clips de rap et de R&B se voient généreusement réhabilitées. Sont promues leur histoire, leur richesse et leur beauté dans une perspective historique et sociologique.
Aussi intéressante que divertissante, la proposition prend une tournure excessivement pédagogique et même parfois racoleuse, alors que sa forme reste inaboutie et son propos un peu simplet. Toutefois, elle dit combien la danse est un lieu de lutte comme de fête où prime le plaisir du métissage et de l’être-ensemble.