© William Beaucardet

Le spectacle se présente comme la mise en scène de “100 différentes façons de voir leur ville” par “100 Montréalais”. Et c’est ici que réside tout le problème. Car au-delà de la pauvreté du geste scénique (plus que de mise en scène, il eût fallu parler de mise en espace), rien ne permet en l’espèce d’entrevoir la réalité vécue de ces Montréalais, tant la proposition se transforme peu à peu en harangue populaire, ou chacun d’entre nous est censé embrasser les tentatives heureuses et excuser les erreurs coupables de son voisin. Une fois les présentations faites, et Dieu sait qu’elles sont touchantes ces présentations individuelles, s’en suit donc une litanie de ce qu’est censée être la ville (2 % de Chinois, 6 % de veufs, 36 % d’immigrants… etc.), mais qu’en reste-t-il ? Pas grand chose, puisqu’au fil du temps l’ingéniosité du procédé prend le dessus sur ce qu’il recouvre, et que de la certitude d’assister à un mauvais programme fédérateur naît celle de se voir imposer une rhétorique potentiellement dangereuse. Dangereuse, oui, car peu à peu s’évapore de la bouche de ceux qui rient ou pleurent sans jamais pouvoir réfléchir, ce fumet peu ragoutant qui laisse sur les palais le goût amer du souvenir des masses manipulées.