© Stéphane Najman

A-t-on jamais vu tant de sensualité, tant de sauvagerie sur un plateau ? Depuis combien de temps attendions-nous ce moment de danse pure et crue ? Devant un parterre envoûté, plongé dans une intense extase, les bâtards de Gravel s’abandonnent avec talent à une transe tantrique et fatale.

Grosses basses, grosses guitares, grosse soirée. Sapés comme jamais, apprêtés pour leur dernière danse, ils boivent pour oublier la folie du monde qui ne leur laisse d’autre choix que de se coller les uns aux autres dans une ultime tentative de ressentir un peu de chaleur humaine. Le corps tout entier secoué par les ondes d’une batterie sadique, ils se laissent couler au sol, incapables de lutter contre ces attaques insidueuses et cruelles, déjà vaincus. Il ne reste bientôt plus que des bêtes haletantes et transpirantes, jetant leurs dernières forces dans un ballet décadent et charnel auquel nous nous surprenons à vouloir prendre part. Face à l’absurdité abyssale de ces temps agités et à cette fin du monde qu’on ne cesse de reporter à demain, autant en finir maintenant dans une explosion des plus majestueuses. Alors, on danse. Et on danse encore, jusqu’à ce que mort s’en suive. Let’s burn all together. Sans doute la proposition la plus jouissive et furieuse de ce festival.