Paillettes pour tous

Bal Fantastik !

DR

Après le très réussi « Monstres indiens », la compagnie déjantée La BaZooKa revient très en forme avec un spectacle pour le moins déroutant. Est-ce un concert ? Un cours de danse ? Une performance ? Un peu tout ça à la fois, répondrons-nous faute de mot existant pour décrire très précisément l’œuvre hybride qu’est ce « Bal Fantastik ».

Ici, on retrouve quelques gimmicks déjà présents dans « Monstres indiens » et comme mis en miroir. Alors que ce dernier réunissait des spectateurs en cercle, tournant le dos à une danseuse sur un podium en son centre, le bal auquel le public est convié propose au public de refaire face au podium, toujours en cercle cependant, mais toujours en déjouant ses attentes. Une fois encore, La BaZooKa tord les codes et propose aux spectateurs prêts à jouer le jeu de faire un pas de côté. Cette fois-ci, la compagnie décide d’intégrer pleinement son public à la représentation en l’y faisant participer de façon proactive. La BaZooKa se propose ainsi d’autonomiser son public afin de l’aider à remplir les moments de vide, partant peut-être du principe qu’on finit toujours par s’ennuyer au théâtre. Une fois la chorégraphie apprise, les spectateurs sont donc libres de la reprendre, d’occuper l’espace à leur guise, si bien qu’ils finissent par s’affranchir de leurs professeurs. Si on reproche souvent aux mauvais spectacles de faire fi du public, les artistes retournent complètement le cliché en mettant le public en position de faire fi des artistes. Tant et si bien que la représentation est assurée en grande partie par ledit public tandis que les danseurs sont hors de scène.

« Bal Fantastik » est conçu comme un hommage aux films de série Z. On y retrouve des extraterrestres, des superhéros, des spationautes, des shorts à paillettes et beaucoup de second degré. On pense bien sûr de temps à autre à ce qu’aurait été le « Rocky Horror Picture Show » si le Dr Frank N. Furter avait fait preuve d’un humour pince-sans-rire. On se demande aussi si la grande force de ce spectacle, ce n’est pas sa grosse dose de n’importe quoi. Dans une période obsédée par la rentabilité et qui demande à tous d’être utiles, « Bal Fantastik » revendique de ne rien revendiquer. C’est comme si, reprenant les mots de Cyrano de Bergerac, La BaZooKa nous regardait droit dans les yeux du haut de sa boule à facettes en nous disant : « C’est bien plus beau lorsque c’est inutile. » « Bal Fantastik » est comme une pluie de paillettes ; inutile donc indispensable.