Pour faire le portrait d’une ville, peindre d’abord une cage (la scène), avec une porte ouverte (le public), peindre ensuite quelque chose de joli (qu’ils sont sympathiques ces Montréalais !), quelque chose de simple (et de reproductible à l’infini, un concept), quelque chose de beau (le multiculturalisme réussi), quelque chose d’utile pour la ville (le sentiment d’appartenance). Placer ensuite le portrait sur un plateau, se cacher derrière des prompteurs, sans rien dire, sans bouger. Parfois, les 100 personnes arrivent vite, mais elles peuvent aussi bien mettre longtemps avant de se décider. Ne pas se décourager, attendre, la vitesse ou la lenteur (ou la qualité) du casting n’ayant aucun rapport avec la réussite du portrait. Quand la ville se dessine, si elle se dessine, observer et attendre que la ville entre dans la cage et quand elle est entrée, fermer doucement la porte avec le public. Si la ville ne chante pas, c’est mauvais signe, signe que le portrait est mauvais, mais si elle chante, c’est bon signe, signe qu’ils (le trio allemand Rimini Protokoll) pourront la signer. Alors, ils arrachent quelques larmes (faciles) et quelques applaudissements (étranges) au public et ils écrivent leur nom au coin du portrait. Encore un, la litanie mondiale des 100% poursuit son chemin, efficace, huilée comme un coucou suisse.
Recette
100% Montréal