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Comme le Mapa Teatro avec sa “Despedida“, “Antigonon” de la dynamique compagnie cubaine Teatro El Público (fondée en 1992) est une tentative de liquidation scénique d’un passé qui ne passe pas. Sous la forme d’un collage de saynètes plus ou moins reliées entre elles, ce cabaret déjanté alterne les monologues, entre reconstitution pseudo-documentaire et faux-semblants. Les comédiens apparaissent d’abord nus sur scène, comme une façon de se débarrasser symboliquement de tout artifice esthético-politique. Si le mythe grec n’est qu’un prétexte pour conceptualiser le discours, c’est véritablement à une démythification auquel nous convie Carlos Diaz, appuyé sur le texte du jeune dramaturge Rogelio Orizondo. La figure de José Marti, incontournable icône de la révolution cubaine à la fin du 19e siècle, est ici déconstruite pour mieux approfondir la série de questionnements lancés sur scène par les cinq performers, et à laquelle il n’est aucune réponse qui ne soit équivoque. Ce jusque dans un jeu systématique sur le travestissement, traduit par une inflation de changement de costumes (où domine la couleur rouge) plus ou moins grotesques : comme un écho à un travail de reformulation de l’identité cubaine, et au-delà de Cuba, de l’Amérique latine post-révolutionnaire. Un spectacle qui fourmille d’idées et d’énergie, mais qui peine à trouver son point d’équilibre et à convaincre totalement.