DR

Les reprises de pièces des années 70 de Lucinda Childs par Ruth, sa nièce, présente un intérêt, aussi limité soit-il, “essentiel et peut-être nécessaire”, d’après les mots mêmes de Ruth Childs. Juste avant ses remarquables collaborations avec Philip Glass, Sol Lewitt ou même Robert Wilson, à la fin des années 70 et dans les années 80, Lucinda Childs naviguait déjà dans le vocabulaire minimaliste, où l’expression formelle et mathématique des gestes et des combinaisons donnait à ses travaux l’allure radicale, rectiligne, presque austère qu’on lui connait.

Dans les quatre pièces que fait revivre, que remonte sa nièce Ruth Childs, toutes créées dans les années 70, la danse de Lucinda Childs abandonnait l’accompagnement sonore (sons, textes…) pour devenir totalement muette et silencieuse. Seuls les bruits des pas, algorithmés, et des souffles, saccadés, côtoient le déjà arithmétique langage chorégraphié. Avant même que la musique minimaliste n’accompagne les travaux de la danseuse-chorégraphe, sa danse frémissait déjà, en même temps, d’une épure contrainte et d’une sophistication quasi-éthérée.

En reprenant ces œuvres, vieilles de plus de 40 ans, Ruth Childs donne à voir les prémices du langage fondamental de la célèbre chorégraphe. L’oeuvre de reprises en devient alors aussi bien témoignage que pédagogique, utile repère au regard des créations contemporaines, et l’on y devine la délicatesse de la sensibilité admirative d’une nièce envers son monument de tante.