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Présentée au PS122 dans le cadre du 13e festival Coil, « Body Of Work » de l’Australienne Atlanta Eke, créé en 2014, est un spectacle expérimental dont on ressort avec des impressions contrastées.

Plein feux et saturation auditive : un étrange corps-coussins s’avance depuis les gradins. Seule sur scène, la danseuse Ivey Wawn déploie, autour de son corps en combi grise futuriste, crâne rasé, un dispositif vidéo particulièrement saisissant : grâce au travail du studio RDYSTDY, des images tour à tour statiques ou mouvantes sont créées en live, capturées sur des écrans et projetées par un procédé d’insertion numérique les unes à côté des autres, créant un effet hypnotique de démultiplication du corps de l’artiste, mais aussi de destructuration de l’espace-temps dans des dynamiques d’effets-miroir et de déformation de la chair. Le procédé fonctionne à plein dans les moments les plus lents et fragiles du spectacle, qui parviennent à créer des images saisissantes dont on ne parvient plus à distinguer l’organicité de la technologie. Un questionnement pertinent sur la familiarité vs l’étrangeté du corps, renforcé par d’improbables – et parfois kitsch – échos à la symbolique extraterrestre.

Mais le projet d’Eke échoue partiellement, au-delà de la réussite plastique, à développer une véritable hiérophanie libératrice d’émotions. Certes, la performeuse (qui a déjà travaillé, notamment, avec Hofesh Shechter ou Tino Seghal) est d’une implication et d’une physicalité remarquables ; mais la narration qu’elle défend manque d’un point de vue plus assumé ou, sans doute, plus généreux, sur les interrogations qu’elle pose quant aux limites du corps et de sa représentation.