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Le Point Éphémère, sous les bons offices de David Dibilio, est de ces lieux qui offrent aux artistes – aux heures de leurs premières armes – un espace et une date, et aux publics de les aller voir. S’orthographient sur ces petits plateaux les écritures de demain. Une proposition aussi éphèbe que convaincante, celle du jeune chorégraphe Joachim Maudet, qui pour sa toute première création “stɔːriz” – un duo de 35 min – fait preuve d’un art du contrepoint qui baptise une facture déjà trempée.

Cette proposition est celle d’un artiste exigeant avec son spectateur, qui ne lui laisse jamais l’opportunité d’être conforté dans ses habitus de représentations et dans sa foutue manie de quêter du figuratif. Le duo – un danseur et un danseuse – semble en permanence s’installer dans un nouvel état, un nouveau rapport, une émotion nouvelle, qui se trouve immédiatement désamorcé par un signe contraire. Le spectateur est aussi troublé par le caractère déstabilisant de la proposition que par la maîtrise technique que cette dernière exige et dont les deux interprètes font preuve.

On ne peut que se réjouir de voir poindre des encodages chorégraphiques qui dès la première création n’ont pas peur de leur public, n’ont pas peur de mettre le sommeil sur un plateau, n’ont pas peur de danser les yeux fermés, de ne rien sembler dire, de juste se tenir la main, de chanter quand on a fait le CNSMDP plus cursus D que M, contraindre le spectateur à ne rien attendre, laisser advenir et tout de même déclencher nos rires.