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Après “Aleef” et “En alerte”, Taoufiq Izeddiou clôt sa trilogie avec un “Délire parfait” dans le cadre du Arab Arts Focus à La Manufacture. Comme à son habitude, le danseur et chorégraphe marocain commence prendre la mesure de l’espace, de ce cercle de lumière dans lequel pourra surgir la cinétique de la transe. Puis la mesure du corps, tournant, s’échauffant, et qui constitue peut-être ce point d’équilibre fragile “entre ceux qui sont venus et ceux qui sont partis”. Retrouvant Mathieu Gaborit et ses loops de gnawa électrique – pont entre tradition et modernité, comme dans “En alerte” -, Taoufiq décline les rythmes d’une méditation qui est l’achoppement ente l’intime et l’universel ; en son coeur, on retrouve l’importance de la respiration, qui est la condition physique de ce “délire” : comme chez les Soufis, dont il semble partager la philosophie, ou chez les disciples de l’hésychasme, c’est bien d’une gnose dont il s’agit, de la possibilité d’acquérir une connaissance par l’illumination. Les cercles de sable en sont le chemin introspectif, qui dépasse les injonctions religieuses par un appel à laisser en route les noms de Dieu, au profit de la tendresse de l’enfance, celle d’une poupée vahinée électrique et d’un câlin avec le monde. “Cette chose est divine, pour devenir divine en ton pouvoir”, disait Swinburne, et Taoufiq Izeddiou, par la force d’une danse portée à l’essentiel, ne montre pas autre chose.