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Si encore cette manière de retarder l’implosion du mouvement dans le corps du danseur pouvait jouer habilement avec la frustration du spectateur, on reconnaîtrait à Avalanche un petit talent. Mais le spectacle s’enlise dans sa propre démarche (qu’on a bien du mal à reconstituer, qui semble graviter autour de la production d’un alphabet résiduel de mots et de gestes), générant un ennui à peine pénible tant le spectacle engage peu celui qui le regarde – mis à distance par une construction trop intellectuelle dont la danse ne semble être que l’illustration. On observe ce duo de danseurs, vêtus de combinaisons faisant d’eux les manœuvres de leurs arsenal conceptuel, réduire de façon maniériste les phrases en mots, les mots en lettres, les lettres en son, les mouvements en ébauches de gestes, de sorte que le spectacle bégaye plus qu’il ne traite le bégaiement auquel aboutit tout inventaire. L’énergie semble sans cesse contenue, hachée par le propos, tandis que le corps est sous-exploité, comme inapte à se laisser emporter par son élan. Ça manque de générosité, de pulsation, d’explosion. Le label “exercice de style” semble enfin autoriser le spectacle à subsister comme work-in-progress vague, au propos en devenir, là où l’on n’en voit aucun.