@Ian Granjean

Qu’il est passionnant et difficile le défi qui attend le cirque de demain : conjuguer la diversité des arts de la scène à l’excellence technique requise par les numéros. C’est ce challenge que se sont décidés à relever les comparses de la compagnie du Poivre Rose. Ces jeunes artistes Québécois, Français ou Suisses se définissent comme « artistes de cirque mais avant tout humains, garçons et filles ». Ils ont fait le pari de mêler le chant, la danse et l’interprétation théâtrale aux prouesses physiques et poétiques exigées par leur art.

« Mémoire(s) » est donc un spectacle hybride, presque théâtral, né d’une phrase proférée par le grand-père d’un des artistes « quand tu m’auras oublié, je serai vraiment mort ». Le Poivre Rose métamorphose la piste en boîte à souvenir, liant la mémoire intime à la mémoire collective. Une succession de fragments, extraits de films, flashs, photos et chansons d’époques viennent interpeller le spectateur.

Seulement voilà, si le propos est ambitieux et les protagonistes des plus sympathiques, le spectacle a du mal à trouver  sa structure dramaturgique. Et, à force de vouloir détourner le cirque, il en finit par s’estomper. Les numéros sont noyés sous le propos tandis que des transitions présentant des photos progressivement dissoutes accaparent inutilement l’espace-temps. Gageons néanmoins que cette jeune compagnie prometteuse saura rectifier le tir pour atteindre un plus juste équilibre dans ses prochaines créations.