Quand Gisèle Vienne visite l’ESNAM, les élèves revisitent The Ventriloquists Convention

The Ventriloquists Convention

The Ventriloquisits Convention de Gisèle Vienne (c) Estelle Hanania

The Ventriloquisits Convention de Gisèle Vienne (c) Estelle Hanania

L’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette est avant tout un lieu de formation. Mais, dans le cadre du cursus, il ouvre régulièrement ses portes au public, pour des restitutions diverses. C’était le cas ce 27 avril, où les élèves présentaient le fruit d’un workshop dirigé par Gisèle Vienne, elle-même issue de la 4ème promotion de l’école.

Sous le regard de Kertsin Daley-Baradel et de Jonathan Capdevielle, qui étaient interprètes dans « The Ventriloquists Convention », les élèves ont proposé une réécriture de la pièce originelle. La dramaturgie impeccable du matériau d’origine a permis aux marionnettistes en formation de trouver leur place tout en préservant un beau mouvement d’ensemble. Jeu constant sur les univers juxtaposés par le théâtre – intérieur et extérieur, imitation du réel et surréalisme assumé – la pièce est comme une succession de soli où la ventriloquie comme technique devient la métaphore du rapport entre le marionnettiste et son double. Une chorégraphie des déplacements, jouant sur des ruptures de temporalité, permet de créer plusieurs réalités dans le même espace scénique.

Toutes les saynètes n’ont pas la même qualité, mais de belles propositions, tel ce rituel d’apaisement débouchant sur une possession accidentelle, côtoient le classique ou l’anecdotique. De même, la qualité d’interprétation est inégale ; il faut dire que le workshop n’a duré que deux semaines, et que les contraintes imposées étaient nombreuses. Globalement, les interprètes masculins s’en sortent bien : Tristan Lacaze particulièrement maîtrise bien la ventriloquie, trouve un bon jeu de dissociation avec sa marionnette, et maintient une belle justesse. Cassiel Bruder se distingue également par une belle présence, ainsi que Matthias Sebbane même si son jeu est plus inégal. Les rôles des interprètes féminines leur permettaient peut-être moins de s’épanouir : ils les mettaient souvent en retrait, parfois au contraire les entraînaient dans des excès qui menaient au surjeu.

Dans l’ensemble, le public a été unanime à reconnaître que la proposition était aboutie, et que le spectacle était plaisant à regarder. Cela augure bien de la suite, pour ces douze marionnettistes en devenir, qui ont su s’approprier un matériau complexe pour le faire leur.