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Le quartet, créé il y a maintenant 10 ans, est un habitué des scènes françaises. Il est en tournée pour la sortie de son album « We Free Queens » (2017). Au Dizzy’s Club au Lincoln Center, sur Colombus Circle, une vue panoramique sur les gratte-ciel de Manhattan : pour l’occasion, le groupe est composé de Géraldine Laurent (en remplacement de Lisa Cat-Berro), Sophie Alour aux saxophones, et le pédalier de l’orgue hammond, animé par les pieds nus de Rhoda Scott, en guise de bassiste. De loin, légère myopie aidant, on croit un instant que la jeune femme derrière son kit de batterie est Anne Paceo, mais il s’agit bien de Julie Saury. Erreur pardonnable, d’autant qu’Anne accompagne Rhoda Scott régulièrement, et c’est elle qui a enregistré la batterie sur trois des morceaux de l’album.

Rhoda Scott est une légende vivante de l’orgue hammond, qui porte avec elle, depuis la fin des années soixante, un groove fusionnel entre blues, gospel et jazz, qui n’a certes rien de révolutionnaire, mais d’une dimension aussi aérienne que solaire. A bientôt 80 ans, la jazzwoman américaine, française d’adoption (elle vit à Paris depuis plus de 40 ans), conserve une énergie intacte. Le jeu du quartet témoigne d’une nonchalance joyeuse, d’accents riches et précis, empreint de couleurs métissées. C’est le cas des reprises “Que reste-t-il de nos amours ?” ou “What I’d Say”, mais aussi des compositions originales, notamment celles de Julie Saury, avec notre coup de coeur pour “I Wanna Move”, qui malgré sa structure de blues-funk ultra-classique fonctionne à plein et se prête à des chorus exceptionnels. Dans un monde musical qui ressemble encore largement à un boy’s club, entendre ce “all lady quartet” porter haut les couleurs d’un jazz aussi groovy fait du bien aux oreilles. Bravo à ce quartet de badass women, qu’on pourra continuer de suivre avec quelques nouvelles dates en France en 2018.

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