Souvenirs, souvenirs

10 Miniballetti

C’est d’abord un corps marqué par des années de gymnastique qui expose sourire aux lèvres ses stigmates avec une légèreté habitée du fantôme de l’enfance. Mais là où la discipline sportive peut apparaître froide dans sa rigueur et sa précision chirurgicale, Francesca Pennini exécute des enchaînements dans une veine expressionniste étonnante. Ce qui devrait être impressionnant se teinte d’un second degré bienvenu et crée la distance nécessaire à tout travail artistique. Son corps se plie et se déplie sur une playlist personnelle alliant le baroque métallique du clavecin à la pop contemporaine. Un drone viendra même, lui aussi, arpenter la scène dans une danse aérienne maladroite ; alors que le corps de la performeuse devient machine, la machine, elle, se rêve danseuse étoile. La dernière partie du spectacle est certainement la plus réussie, car elle ajoute l’épaisseur des souvenirs à celle de l’exécution formelle. Tenter de danser les chorégraphies écrites enfant sur un cahier, les interpréter, les comprendre, les vivre à nouveau avec intensité. Bien sûr qu’il est question d’interroger la notion de la reproductibilité du mouvement chorégraphique face à la singularité de celui que le danse mais c’est l’émotion du souvenir d’enfant et la magnifique scène finale de disparition qui font de ce petit ballet un beau moment de danse.