Fée Morgane

Morgane Poulette

(DR)

« Morgane Poulette », seul-en-scène créé par Anne Monfort, est le portrait kaléidoscopique d’une jeune femme atypique qui nous entraîne dans le tourbillon de la vie de Morgane, à la fois fée et sorcière contemporaine arpentant les rues de Londres, faisant la tournée des bars et terminant généralement dans les caniveaux. Sous la plume poétique de Thibault Fayner, Morgane raconte sa vie à la deuxième personne, ses amours tumultueuses et miraculeuses avec Thomas Bernet, star de cinéma, ses errances, nombreuses, sa passion pour le rock et pour la chanson. Pearl Manifold, flamboyante comédienne, nous entraîne ainsi dans ce long poème dramatique et nous guide dans le chemin escarpé qu’est la vie de cette jeune femme, faite de creux et de bosses, de douloureuses plongées dans la douleur de vivre et de remontées toujours plus ardentes.

C’est lorsque Morgane tombe qu’elle est le plus proche d’elle-même et que la parole se fait le plus juste ; on remarquera également l’inventivité d’une scénographie simple mais très évocatrice, inspirée visiblement par la peinture anglaise préraphaélite (on pensera notamment à l’Ophélie de John Everett Millais, recouverte de fleurs au milieu d’une rivière devenue lit éternel) revisitée à la sauce rock’n’roll. Morgane en Ophélie 2.0, ayant troqué la robe vaporeuse des campagnes anglaises contre un blouson de cuir capable d’enflammer les caves londoniennes, les eaux limpides contre les méandres sombres d’un Styx sur lequel elle semble régner. Confrontée à l’expérience de la mort de l’être aimé, la jeune femme se transforme en héroïne tragique qui parvient à transcender le malheur par l’art, sous une lumière toute en variations qui nous enveloppe avec elle des bas-fonds aux nouvelles rencontres amoureuses. On sort de la représentation sous le charme de cette fée Morgane, personnage magnétique, tout aussi destructeur que créateur.