Féerie potagère

Le Roi Carotte

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Reprise trépidante et truculente de ce « Roi Carotte », l’opéra-bouffe de Jacques Offenbach déjà monté en 2015 à l’opéra de Lyon : une féerie potagère où les aventures aussi délirantes que folles sont sublimées par la réécriture du livret par Agathe Mélinand, dont le talent a été d’élever ce récit au troisième degré, entre ironie et autodérision, sans hésiter sur les anachronismes et les dialogues à bons mots. Dans ces péripéties tordantes (une carotte roi, accompagnée de sa garde de navets, une sorcière vindicative, des voyages dans le temps à Pompéi, une éruption, un anneau magique, un petit génie…), l’enjeu des décors et des multiples tableaux était de taille : la scénographie de Chantal Thomas relève haut la main le défi et offre un terrain de jeu tout à fait propice à l’aventure et à l’humour. La mise en scène de Laurent Pelly est dynamique et mène tambour battant, dans un mouvement permanent et maîtrisé, une alternance du récit d’aventures et du récit grotesque. Les costumes, par Pelly encore, sont tout à fait réalistes. Si la direction d’Adrien Perruchon est satisfaisante, c’est qu’elle laisse la part belle aux élans du compositeur tout en mettant en avant les partitions des solistes – on salue les performances de Julie Boulianne en Robin-Luron ou de Catherine Trottmann en Cunégonde. En somme, comme le dit Laurent Pelly, ce « Roi Carotte » est un délice « cauchermardescocomique » qu’il faut savourer en balayant les codes classiques avec l’audace insolente d’une soirée de fête.