Bien avant Notre Dame, certains industriels ont suivi cette tentation d’être à l’origine de démarches support de l’artiste et de ses lieux. Le Comoedia à Brest est à cet égard exemplaire : Robert Lascar a permis la ré-émergence d’un lieu mythique: ancien cinéma art nouveau, entièrement restructuré et mis en valeur, il a rejoint ce club rare des lieux que l’on aime à découvrir et où l’on revient.

Pour ses premiers pas, il expose un titan, Jean-Bernard Susperregui. Cet homme rare, Vulcain en son atelier, propose une sculpture sans concession. L’acier, si rare dans notre contemporain, se mêle au bois, les lumières accrochées par le polissage mettent en valeur la puissance brute née des mains du sculpteur, rien n’est gratuit, tout est œuvre.

Exposé également à Beyrouth, Londres, Bruxelles, Paris (galerie Alice Mogabgab), le travail de Jean-Bernard Susperregui fait partie de ce qui marque au fer rouge nos regards : loin de l’innocence et des facilités de la consommation jetable, ses œuvres sont à l’image de la Bretagne : à l’origine du monde.

Massives et mobiles, métalliques et chaleureuses au toucher, les sculptures de Susperregui touchent au plus profond de l’être, de ses tourments et de ses lumières. Moore et Calder se rejoignent en cet élan créateur sans concession.

Et si vous n’avez pas la chance et la joie de passer à Brest cet été, tentez une visite dans son atelier-galerie situé au sud-est de l’Ile de France. Au-delà des œuvres, rencontrer Vulcain en sa forge est une expérience sans pareil et dont on ne revient pas indemne. Humain.